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Cercle Oenophile
26 août 2014

Voyage en Italie: la cinquième génération de Burlotto avec Fabio Alessendria

 

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Dans le village de Verduno, la famille de Fabio est certainement un pilier du Barolo. La face peinte de la Cantina visible depuis la rue rappelle l’antériorité de Burlotto dans la production de vin dans la village.

Comme pour les autres Cantina “historiques” où je me suis rendu cette semaine, les installations sont encore au cœur du village, une habitation parmi d’autres dans ces jolis rues pavées et bien entretenues. Le flâneur ne saurait pas distinguer l’entrée de la Cantina si il ne voit pas le fronton peint derrière le figuier. Souvent seule une petite plaque gravée sous l’interphone révèle que c’est bien une Azienda Agricola derrière ces murs.
Ce n’est pas que le visiteur n’est pas le bienvenu, c’est plutôt que les murs étaient là avant que les vins soient populaires et fassent venir les oenophiles d’un peu partout. Fabio comme la plupart des vignerons rencontrés cette semaine est très occupé. Mais sa gentillesse extrême ne semble pas lui permettre de refuser les visiteurs. Notre premier contact à l’heure dite est pourtant infructueuse, Fabio ne pouvant que se frotter le crane en signe de désolation et reporter le rendez-vous: il attend des professionnels venant déguster ces vins et ils vont réclamer toute son attention. Le lendemain, il peut me consacrer le début de l’après-midi pour une visite et une dégustation. Certes, la dégustation avec les professionnels d’hier semble avoir durer tard dans la soirée et a laissé des traces de fatigue sur mon hôte. Merci donc à lui d’avoir sacrifier sa sieste pour me faire découvrir ses vins.

En préparant ce voyage chez les vignerons du Barolo, mes lectures m’avaient laissé l’idée que j’allais arriver sur le champs de bataille d’une guerre de tranchées entre les anciens et les modernes. Evidemment le témoignage des vignerons est plus nuancé.
Voici donc quelques idées que je me suis faites sur la situation. En fait, un autre point commun avec ce que ma courtes années de visites en Bourgogne m’ont permis de sentir.
L’évolution des mentalités est acquise: la nouvelle génération (30-45 ans) bénéficie de leur parents audacieux qui ont fait bouger les lignes avec pour beaucoup une formation œnologique qui permet de prendre du recul sur la tradition. La tradition, avec ce qu’”ils” ont fait de la colline de Canubi est un des sujets de conversation favoris de la génération (45-60 ans) qui a justement eu à affirmer ses changements ou à conserver les pratiques de leurs pères. Tous sont à l’unisson dans leur discours sur les progrès qui étaient nécessaires dans l’hygiène en cave. Par exemple, les foudres utilisées pendant des décennies sans lavage efficace entre deux remplissages ont fait du mal à la réputation des vins de Barolo et ne sont maintenant plus que des bonnes histoires à raconter au touriste de passage. Les chais étant briqués à quelques semaines des vendanges, les vignerons étaient fiers de me les faire visiter, en insistant bien en contre-point à des récits du passé que les barriques, fûts et autres foudres sont nettoyés à l’eau bouillante chez eux.
Un des éléments chiffrés qui séparent les traditionalistes (ceux qui font du Barolo à l’ancienne) et les modernistes (ceux qui font du Barolo franco-americano) est la durée de macération du Nebbiolo pour le Barolo. La durée courte (autour de 5 jours) à forte température (35°C) a été introduite il y plus de 20 ans par les modernes pour chercher un Barolo qui puisse se boire plus jeune. Les plus conservateurs conservent la pratique des macérations longues (plus de 30 jours), gage pour eux du potentiel de vieillissement de leurs vins. Même si ces extrêmes cohabitent sans que j’ai personnellement pu voir de trahison dans le style du Barolo dans les vins (jeunes) qui m’ont été présentés, la plupart des jeunes vignerons que j’ai rencontrés adaptent leur pratique au millésime mais restent autour de macérations de durée moyenne (autour de 20 jours), toujours craintif de voir le vieillissement de leur vins s’effondrer en cas de macération plus courte.
Un autre point de clivage est l’utilisation “franco-americano” de la barrique française. Les traditionnalistes s’enorgueillissant de l’absence de ces barriques dans leur chais et les modernistes vous montrant l’alignement bordelais de leur barriques des meilleurs tonneliers français. Même si il n’y a plus de tonneliers dans les Langhes, j’ai senti une part de fierté nationale à ne pas utiliser de bois français mais de rester sur les foudres de bois slovène ou autrichien faits un peu en Italie ou importés d’Autriche. A noter que la pratique était aussi d’utiliser du bois de châtaignier ou d’acacia. Encore une fois, la nouvelle génération prend à leurs ainés et avec le recul d’une formation “internationale” à l’œnologie ce qui leur semble le plus adapté au style de vin qu’ils cherchent. La barrique neuve peut donc cohabiter avec les foudres, soit pour le cépage Barbera dont le vin jeune semble mieux absorber le bois, soit pour finir l’élevage des Barolo.

 

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Chez Burlotto, tout est égrappé avant le foulage, sauf une cuvée laissée pour partie en grappe entière certain millésime. La macération est longue. La cave est en deux demi-niveaux sous la maison. En rez-de-jardin, les foudres ovales accueillent le vin après macération pour faire leur malo si elle ne s’est pas enchainée avec l’alcoolique. Puis pour les deux dernières années d’élevage, le vin migre dans les foudres ronds de la seconde cave en sous-sol. 

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Les vins proposés à la dégustation.

Langhe Sauvignon “Dives” 2013
Elevage en demi-muids d’acacia. Nez floral que fruité, des touches épicées. Pas trop pierreux (silex frotté) plutôt fuméee. Belle structure en bouche. fruité plutôt exotique puis anis en finale. toute légère amertume. Un bel équilibre avec le bois peu perceptible.

Langhe Sauvignon “Viridis” 2013
Devant ma curiosité et les accents peu Sauvignon de la cuvée précèdent, Fabio va chercher son entrée de gamme en blanc. Nez anis, citronné sans agressivité mordante. Bien pour l’apéro. du corps quand même avec de la chaleur. Garde son équilibre sur l’acidité.

Verduno Pelaverga 2013
Le Pelaverga est un cépage rouge autochtone du village de Verduno. Je ne l’ai pas rencontré ailleurs. Ici un festival lui est même dédicacé le premier WE de septembre. La couleur est claire. Le nez est bizarre (dans le bon sens d’intrigant) entre fruits rouges et épices (herbes du sud type romarin). Je le vois bien avec un fromage de brebis. Fabio le boit avec un anti-pasti traditionnel “carne crudi” (tartare de bœuf). J’en gouterai d’autres cette semaine qui sont loin d’avoir l’intérêt de celui de Burlotto.

Dolcetto d’Alba 2013
Le Dolcetto est le cépage planté ou gardé là où le nebbiolo ne peut pas faire de Barolo, donc plutôt sur les versants les moins bien exposés. C’est un cépage précoce, délicat à cultiver et récolter (les grains mûrs tombent tout seul). Il est souvent qualifié de “vin de village” pour la consommation quotidienne. Nez sur la réserve. Bouche semble plus complexe que le Paleverga. Laisse une bonne impression.

Barbera d’Alba “Aves” 2012
La Barbera est un cépage de genre féminin où les vignerons machistes aiment à le cantonner pour montrer qu’il n’a pas tout le potentiel du nebbiolo. Historiquement, il a été arraché partout où le nebbiolo, vendu plus cher, pouvait être planté. Ici “Aves” signifie “joyeux”. C’est une sélection de vignes de Barbera. Au nez les fruits sont plus noirs (cassis, tendance à la réduction de la Barbera). La bouche est riche et crémeuse (encore crème de cassis) avec une forte présence de la violette. Le bois est bien intégrer avec la tension suffisante.

Barolo 2011
Assemblage classique de parcelles de nebbiolo. Le nez est sur le fruit frais (fraise, framboise) et floral. A posteriori, caractérise bien les terroirs nordistes et sableux de Verduno.

Barolo “Acclivi” 2011
Nez pointu, sur l’acidité. Bouche manque encore de structure. Tanins encore astringent. Finale sans sècheresse grâce à l’acidité. Bien.

 

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Barolo “Monvigliero” 2010
Cru de la commune de Verduno, un des plus au nord de l’appellation. Bouteille ouverte la vieille pour la dégustation pro avant la mise en vente. Ce millésime 100% en grappe entière. Nez de fruits rouges frais. Notes fumées très présentes. Les tanins attaquent vite mais sont aussitôt enrobé par le gras. Suave. Vraiment bien. Hélas pour moi pas encore à la vente.

Barolo “Canubi” 2010
”Grand” Cru de la commune de Barolo. Bouteille idem ouverte la vieille pour les pro. Fruits plus mûrs au nez (prune) puis rose. Finale sur la tension. Définitivement à attendre.

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